Dossier Spécial Vrac et Réemploi

Publié le 25 mars 2025 à 09:37

A l’occasion du mois du Vrac et du Réemploi, voici un dossier spécial qui fait le point sur ce sujet : 

Au sommaire : 

  • Définitions autour du vrac et du réemploi
  • La réglementation autour du vrac et du réemploi
  • Les chiffes du réemploi et de la vente en vrac
  • Qu'en pense les consommateurs ?
  • Initiatives dans le domaine du vrac et du réemploi

Définitions autour du vrac et du réemploi

La vente en vrac est définie dans la loi AGEC de 2020 comme « la vente au consommateur de produits présentés sans emballage primaire en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables ».

CITEO définit les emballages réutilisables et le réemploi comme « un système dans lequel les emballages ont été conçus et mis sur le marché pour pouvoir être utilisés plusieurs fois et pour un usage identique à celui pour lequel ils ont été conçus »

Le vrac et le réemploi dans la réglementation

Les lois Agec, Climat & Résilience

 

La loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire, février 2020) et la loi Climat et Résilience (août 2021) ont pour objectif principal de faire sortir la France des emballages en plastique à usage unique d’ici 2040, notamment via le développement du réemploi.

L'objectif général de la loi AGEC est de réduire l'impact environnemental des emballages, et le réemploi est un levier majeur pour y parvenir. La loi fixe des objectifs ambitieux de réduction des déchets et de développement du réemploi.

  • Priorité au Réemploi : Les entreprises sont tenues de donner la priorité au réemploi des emballages par rapport au recyclage ou à la valorisation. Cela signifie qu'elles doivent concevoir et mettre en place des systèmes et des solutions qui permettent de réutiliser les emballages plusieurs fois.
  • Mise en Place de Systèmes de Réemploi : Les entreprises qui mettent sur le marché des produits dans des emballages réemployables ont l'obligation de mettre en place des systèmes de collecte, de nettoyage et de gestion de ces emballages afin de garantir leur réutilisation.

Le décret d’application de la loi AGEC du 8 avril 2022, précise la part minimum d’emballages réemployables mis en marché avec un objectif à 10% d’ici 2027, avec des échéances intermédiaires ou plus courtes pour les plus grandes entreprises :

Le règlement européen PPWR

 

Le règlement européen sur les emballages et les déchets d’emballages (PPWR : Packaging and Packaging Waste Regulation) a été adopté en fin de l’année 2024.

Dans le prolongement de la loi AGEC, il propose une approche plus globale et ambitieuse en matière de 3R (Réduction, Réemploi, Recyclage) pour les emballages ménagers et industriels et commerciaux.  Cette approche se traduit notamment par plusieurs obligations concrètes : réduction des emballages via l'éco-conception, intégration de matériaux recyclés, instauration d'objectifs de réemploi et obligation de recyclabilité pour tous les emballages à horizon 2030.

Le règlement vise ainsi 10% de réemploi des emballages pour boissons alcoolisées et non alcoolisées d’ici 2030 et 40% d'ici 2040.

 

La vente en vrac en grande distribution

Votée en août 2021, la loi climat et résilience prévoit le développement de la vente de produits en vrac, en particulier dans les supermarchés de plus de 400 m². Ainsi, au 1er janvier 2030, 20% de la surface dédiée aux produits de grande consommation sera consacrée à la vente de produits sans emballage et notamment en vrac.

Un projet de décret détaillant les modalités pratiques a été mis en consultation en début d’année 2025. L’obligation des quotas de vente en vrac devrait concerner principalement les produits alimentaires.  

 

Ou en sommes-nous ? Les chiffes du réemploi et de la vente en vrac

Les chiffres de la vente en vrac

 

La France propose environ 10 000 points de vente en vrac, dont 865 épiceries spécialisées, 2800 magasins bio et plus de 7000 supermarchés.

Le chiffre d’affaires estimé du secteur vrac est de 795 millions d’euros en 2023. En part de marché, les épiceries vrac pèsent 15 % du chiffre d’affaires en 2023, les magasins bio 48 % et les GSA près de 35 %.

Selon une enquête réalisée en 2023 par l’association UFC Que choisir, un peu moins de 60 % des enseignes de grande distribution (super et hypermarchés) propose des produits en vrac à la vente (hors fruits et légumes) ;

Après une forte progression des ventes depuis 2018, Les ventes ont chuté depuis 2020, dans le contexte sanitaire du Covid puis avec l’inflation des prix : en 2023,  on compte 30 % de consommateurs qui achètent des produits en vrac, principalement des produits d’épicerie secs, mais la demande repart à la hausse de la part des consommateurs qui souhaite un élargissement de l'offre de produits vendus en vrac.

Ainsi, de plus en plus de marques nationales se lancent dans le conditionnement en vrac (voir par exemple la coalition Défi Vrac créée par plusieurs industriels) et cherchent à développer les ventes notamment pour les produits liquides, pâteux ou semi visqueux. Dans ce contexte, plusieurs start up proposent désormais des solutions au niveau des meubles de distribution, des corners de vente dédiés pour améliorer la praticité (le client peut venir avec ses propres contenants réutilisables), le manque d'hygiène, la traçabilité, la disponibilité et l’étiquetage nutritionnel qui ont été pointés comme des freins au développement des ventes.

 

Les chiffres du réemploi

Du coté du réemploi, les choses progressent mais plus lentement. Selon les chiffres du baromètre du réemploi publié par le réseau Vrac et Réemploi, les magasins spécialisés bio proposent en moyenne 100 références en réemploi, pour un chiffre d’affaires de moins de 1 % de leur chiffre d’affaires global. Pour les enseignes spécialisées dans le vrac, on compte environ 20 références en réemploi, pour un chiffre d’affaire qui avoisine également 1 % des ventes. La GSA propose en moyenne une dizaine de produits en réemploi en 2023.

L’Observatoire national du réemploi et de la réutilisation a publié les données pour l’année 2023 : environ 1 % des emballages mis sur le marché sont réemployés à ce jour ; Pour les entreprises soumises à des quotas de réemploi (voir ci-dessus), le taux de réemploi atteint environ 2,5 % pour un objectif de 5 %.

Le potentiel de réemploi par secteur :

L’ADEME a réalisé une étude permettant d’évaluer le potentiel de réemploi d’emballages par secteurs d’activités pour les emballages de vente aux consommateurs mais également pour les marchés professionnels entre entreprises. L’intérêt de cette étude est de pouvoir quantifier « la part de marché » des emballages réutilisables à court terme (2027) et à moyen terme (2030) pour plusieurs secteurs d’activités ou marchés en particulier dans le secteur alimentaire (hors restauration) :

  • Alimentaire frais non transformé : fruits et légumes, viandes …
  • Alimentaire frais transformé : boulangerie/pâtisserie, produits laitiers frais …
  • Boissons : vins, bières, jus de fruits
  • Epicerie : biscuits huiles/vinaigres/condiments, soupes/potages…

On constate ainsi un potentiel de réemploi qui peut aller de 15 % jusqu’à 80 %

Qu’en pense les consommateurs ?

 

Il existe quelques études concernant les pratiques et attentes des Français en matière de réemploi des emballages et sur la vente en vrac.

Selon une étude réalisée en 2023  par l'ONG "Zéro Waste France" concernant les emballages consignés, si la quasi unanimité des Francais déclarent souhaiter plus de produits avec des emballages consignés pour réemploi, ils ne sont que 20 % à acheter ce type de produits toutes les semaines.

Si un client sur deux ne rencontrent pas de difficulté avec les démarches de réemploi et de consignes, les freins au développement des emballages consignés sont lié à la logistique de retour des emballages : j'ai oublié de les rapporter quand je retourne au magasin, je n'ai pas assez de place pour stocker les emballages consignés chez moi ou le point de collecte est trop éloigné de mon domicile.

Léko, l'éco-organisme spécialisé dans les emballages et les papiers graphiques, a  réalisé  en 2023 une étude pour évaluer la désirabilité du réemploi des emballages auprès des consommateurs Français: 60 % d'entre eux souhaiterait pouvoir réaliser leurs achats avec des emballages réemployables : 25 % avec un système d'emballages consignés, 30 % avec leurs propres emballages pour un achat en vrac, 28 % avec des emballages proposés par le distributeur.  

Les initiatives en matière de vente en vrac et de réemploi

Vous pouvez trouver l'annuaire des points de vente de produits en vrac, par exemple celui participatif proposé par Cartovrac

France Consigne, met également sur son site à disposition un annuaire des opérateurs du réemploi, dont les producteurs de boissons (sirops, bières, jus ...).

Vous pouvez retrouvez régulièrement une présentation d'initiatives dans la rubrique "Emballages consignés / réemployables"  mais aussi dans les initiatives sectorielles.

D'autres articles à venir concernant le défi Vrac et les produits proposés à la vente en vrac à partir de cet été ( yaourt, fromage, mayonnaise, et miel).